L’histoire de Bains-les-Bains commence bien avant son essor en tant que station thermale. Les sources d’eau chaude et leurs bienfaits étaient déjà connus à l’époque romaine. Les historiens attribuent aux Romains l’usage de ces sources, comme en témoignent les vestiges retrouvés aux alentours, notamment des traces de thermes gallo-romains (connus à travers des rapports d’archéologues locaux). La présence de céramiques, de monnaies antiques et d’autres artefacts prouve que ces lieux étaient fréquentés pour leurs propriétés curatives.
Ces eaux chaudes émergent grâce aux caractéristiques géologiques particulières de la région. Bains-les-Bains est situé sur un réseau de failles géologiques profondes, où l’eau s’infiltre, se réchauffe au contact des roches et remonte naturellement chargée en minéraux. Avec une température oscillant entre 25 et 50 degrés Celsius, ces eaux se distinguent par leur teneur en chlorure de sodium, calcium, magnésium et fer, leur conférant des vertus thérapeutiques reconnues pour le traitement de pathologies rhumatismales et des affections urinaires.
À partir du Moyen Âge, les sources ne cessent de susciter l’intérêt. Utilisées à des fins essentiellement locales, elles ne jouissent pas encore d'une véritable organisation autour du soin. Cependant, quelques manuscrits anciens datant du XVI siècle mentionnent déjà des pèlerins et des patients venant s’y baigner comme dernier recours pour soulager leurs maux.
C’est réellement au XIX siècle que le potentiel des sources commence à être pleinement exploité. À cette époque-là, la montée en puissance du thermalisme en France, due à l'engouement pour les bienfaits de l’hydrothérapie, encourage certaines familles influentes de la région à investir dans ce territoire. On commence à aménager des bains privés et rudimentaires pour accueillir les curistes dans des conditions plus confortables. En 1823, un hôpital thermal voit le jour, conçu pour accueillir les militaires et civils blessés, un témoignage de l'importance croissante des lieux.
En France, le XIX siècle marque un tournant pour le thermalisme, favorisé par les révolutions industrielles et médicales. Avec une meilleure compréhension des bienfaits des eaux thermales et sous l’impulsion de recherches médicales rigoureuses, des villes comme Bains-les-Bains deviennent des hauts lieux du soin et du bien-être. Napoléon III lui-même encourage le développement des stations thermales.
À Bains-les-Bains, plusieurs projets voient le jour pour répondre à une demande croissante. Les infrastructures se modernisent, les bains publics sont rénovés et les parcs thermaux sont aménagés. Les installations évoluent rapidement, permettant d’accueillir non seulement des habitants des régions proches, mais également une clientèle nationale et internationale, séduite par les mérites d’un séjour thermal. Les thermes deviennent, à cette époque, un lieu autant thérapeutique que social.
Les visiteurs affluent, attirés par les perspectives de traitements contre les rhumatismes ou encore les maladies liées au stress, tandis que les médecins locaux se veulent les ambassadeurs de ces "miracles aquatiques". Il n’est pas rare de croiser, dans les archives, des récits enthousiastes de curistes revenant durablement transformés.
L’histoire des stations thermales connaît des hauts et des bas avec les changements sociétaux du XX siècle. Les deux guerres mondiales ralentissent considérablement l’activité des thermes, tandis que les progrès de la médecine moderne concurrencent directement l'approche thermale. Pourtant, Bains-les-Bains parvient à se maintenir grâce à des efforts constants pour adapter les installations et diversifier son offre.
Dans les années 1950 et 1960, les stations thermales retrouvent une certaine vitalité grâce à la prise en charge des cures par la Sécurité sociale. Bains-les-Bains n’échappe pas à cette dynamique et propose des soins ciblés pour des maladies spécifiques : rhumatismes chroniques, arthrose, récupération post-opératoire. À cela s’ajoutent des hôtels, pensions de famille et restaurants qui se développent autour du complexe thermal. La ville prend un caractère convivial qui séduit les curistes venus également profiter du calme et des paysages vosgiens.
Dans les dernières décennies, Bains-les-Bains ne cesse de cultiver son identité autour du thermalisme tout en s’adaptant aux attentes contemporaines. Aujourd’hui, les thermes de la ville offrent non seulement une prise en charge thérapeutique, mais aussi un espace dédié au bien-être et à la relaxation : spa, massages, et autres soins innovants. Une diversification indispensable pour séduire aussi bien les curistes traditionnels que les amateurs de détente. En parallèle, la ville valorise son patrimoine naturel et son cadre forestier pour attirer un public en quête de sérénité.
Forte de son histoire bimillénaire et des évolutions traversées, Bains-les-Bains s’impose comme un modèle de résilience et de réinvention face aux nouveaux défis du thermalisme. Avec ses infrastructures modernes et ses eaux dont les bienfaits ne cessent d’être prouvés, elle reste une référence dans les Vosges.
À travers les siècles, les eaux de Bains-les-Bains ont su s’inscrire dans un récit unique. Depuis l’époque gallo-romaine jusqu’aux cures modernes, elles témoignent d’une alliance entre la nature, la science et la volonté humaine. Aujourd’hui, davantage que des simples traitements, un séjour dans cette station offre une plongée dans un riche patrimoine, témoin d’une histoire pleine de sens pour quiconque arpente ses rues et ses sentiers.
Une visite à Bains-les-Bains, c’est l’occasion de s’immerger dans cette longue tradition, d’apprendre à écouter ce que chaque source et pierre ont à nous raconter.