L’histoire captivante de Bains-les-Bains, des origines à aujourd’hui

13/04/2025

Quand les Romains ont découvert les vertus des sources thermales

L’histoire de Bains-les-Bains commence aux premiers siècles de notre ère, lorsque les Romains, maîtres dans l’art de l’hydrothérapie, découvrent les eaux chaudes qui jaillissent à proximité de l’actuelle ville. Ces eaux, reconnues pour leurs bienfaits, attirent les notables romains en quête de cure. Les archéologues ont retrouvé autour de la commune plusieurs vestiges attestant l’utilisation des sources durant cette période.

L’inscription sur une pierre conservée au musée archéologique d’Épinal mentionne les "Aquae amenciorum", premier nom donné à ces lieux thermaux. Bien que les thermes romains de Bains-les-Bains soient moins célèbres que ceux de Plombières-les-Bains, la région semble avoir bénéficié d’une activité thermale intense dès l’Antiquité.

De la période médiévale au renouveau thermal

Des traces médiévales encore visibles dans le paysage

À partir du Moyen Âge, les eaux thermales sont supplantées par d’autres usages plus triviaux, et l’activité thermale s’efface presque totalement, bien qu’on continue de visiter la région pour son eau. Le centre de Bains-les-Bains conserve toutefois des traces médiévales : l'église paroissiale Saint-Colomban, reconstruite partiellement au XVIII siècle, repose sur des bases plus anciennes, et les registres locaux évoquent déjà des moulins installés en bordure du Bagnerot.

Le retour en grâce sous l’Ancien Régime

Bains-les-Bains connaît un regain d’intérêt vers le XVII siècle, lorsque les élites européennes redécouvrent les vertus des eaux thermales. Dès le règne de Louis XIV, des visiteurs affluent pour soigner leurs affections. Mais c’est surtout au XVIII siècle que le lieu se transforme : le développement des infrastructures et la reconnaissance des eaux par des médecins célèbres de l'époque posent les bases de la station thermale moderne.

Bains-les-Bains, station thermale prospère au XIX siècle

Le XIX siècle marque l’âge d’or de Bains-les-Bains. Avec l’essor du thermalisme en Europe, la commune se mue en véritable station thermale. Les infrastructures se développent : un établissement thermal voit le jour, attirant une clientèle issue de la bourgeoisie et de la noblesse européenne.

À cette époque, les caractères spécifiques des eaux de Bains-les-Bains — riches notamment en bicarbonate, calcium et magnésium — assurent leur réputation. Parmi les indications thérapeutiques, on parle de soulager les rhumatismes, les affections urinaires ou encore les troubles métaboliques. À cette époque, bien au-delà de la simple cure, Bains-les-Bains devient un lieu de villégiature, animée par des concerts et des réceptions.

Un patrimoine industriel méconnu

En parallèle du thermalisme, le XIX siècle est aussi marqué par une dynamique industrielle. La rivière Bagnerot propulse l'installation des premières scieries et papeteries. Ces entreprises, souvent associées à des familles locales, rythmeront l'économie jusqu'au XX siècle. La papeterie de la Manufacture de Bains-les-Bains, particulièrement célèbre pour ses innovations dans le papier fin, a laissé une empreinte indélébile.

Le rôle de Bains-les-Bains durant les guerres mondiales

Les deux guerres mondiales ont laissé leur empreinte sur la commune. Pendant la Première Guerre mondiale, les établissements thermaux sont réquisitionnés pour accueillir des blessés, transformant les lieux en hôpitaux militaires. Les eaux thermales, déjà prisées pour leurs vertus curatives, servent ici au soin des convalescents.

Durant la Seconde Guerre mondiale, Bains-les-Bains est marquée par son rôle discret mais crucial dans le réseau de la Résistance vosgienne. Les forêts denses autour de la commune deviennent un refuge pour les maquis et les mouvements clandestins locaux. Plusieurs plaques et monuments commémoratifs témoignent de ces années d’oppression et de solidarité.

Les conséquences des regroupements administratifs : enjeux d’identité locale

En janvier 2017, Bains-les-Bains fusionne avec Harsault et La Chapelle-aux-Bois pour devenir La Vôge-les-Bains. Si cette réforme administrative a permis d’optimiser la gestion communale, ses effets sur l’identité locale restent palpables. Les habitants de "Bains" continuent de cultiver leur attachement à leur patrimoine thermal et historique, mais la commune doit désormais concilier identité locale et ambitions régionales à plus grande échelle.

Figures historiques et anecdotes locales

Plusieurs figures historiques sont liées à l’histoire de Bains-les-Bains. Parmi elles, le nom de Jacques Augustin, célèbre miniaturiste du XIX siècle, revient régulièrement. Bien que né à Saint-Dié, il avait des attaches avec la région, et ses travaux restent une fierté pour la commune.

On évoque aussi Émile Coué, fondateur de la célèbre méthode de développement personnel, qui prônait la confiance en soi — il aurait profité régulièrement des établissements thermaux pour ses conférences dans les Vosges.

Les archives, une fenêtre sur la vie des habitants d’autrefois

Les archives locales de Bains-les-Bains révèlent des détails passionnants sur le quotidien des habitants. On y trouve par exemple des contrats de meunerie datant du XVIII siècle, ou encore le registre des bains du XIX, témoignant de la diversité des curistes. Ces documents précisent aussi que certains artisans, comme les éventaillistes ou les teinturiers, dépendaient directement des eaux chaudes pour leur travail.

Enfin, les photographies laissées par des vacanciers du début du XX siècle, souvent conservées dans les greniers ou cédées aux musées, dévoilent la vie animée de la station, entre excursions dans les bois, cérémonies et fêtes locales.

Un centre-ville en constante évolution

Enfin, le centre-ville a évolué au fil des siècles, s’adaptant aux différentes époques. Le XIX siècle marque d’importantes transformations avec la construction de bâtiments thermaux et d’hôtels cossus. Plusieurs édifices du début XX siècle, aujourd’hui fermés ou reconvertis, conservent encore leur charme Belle Époque.

Le bassin de la place centrale, devenu un lieu d’accueil et d’échanges, témoigne de la modernisation récente, tandis que le parc thermal, avec ses arbres centenaires, continue d’offrir un espace de paix et de sérénité à ceux qui y déambulent.

Conclusion : l’empreinte indélébile d’une petite commune pleine de caractère

Bains-les-Bains, riche de ses thermes, de son patrimoine industriel et de son histoire locale, s’inscrit dans une tradition de résilience et d’adaptation. Qu’il s’agisse des sources découvertes il y a plus de deux millénaires ou des défis contemporains issus des fusions administratives, la commune conserve une identité forte et attachante. Visiter ces lieux ou simplement évoquer leur histoire, c’est comme ouvrir un livre dont chaque page exhale une mémoire vivante et passionnante. Et quoi de mieux pour poser les yeux sur l’avenir que de puiser une telle force dans son passé ?