Les sources de Bains-les-Bains : ces bienfaits découverts par les Romains

16/04/2025

La découverte des sources de Bains-les-Bains : un héritage antique

Pour qui s’intéresse à l’histoire des thermes dans la région de Bains-les-Bains, la période romaine apparaît évidemment comme un pivot. Baignée par l’essor des techniques d’ingénierie, de la culture de l’hygiène et de la médecine, la Rome antique a façonné la manière dont les eaux thermales étaient perçues, utilisées et valorisées. Mais comment et pourquoi ces fameuses sources de Bains-les-Bains ont-elles attiré, en leur temps, l’attention des Romains ?

Commençons par rappeler que la région où se situe aujourd’hui Bains-les-Bains possède plusieurs sources chaudes, avec une température comprise entre 25 et 70°C en fonction des endroits. Ces eaux riches en sulfates, bicarbonates et oligo-éléments étaient propices à un usage médical dès l’Antiquité. Les Romains, passés maîtres dans l’art d’exploiter les vertus des ressources naturelles, ne pouvaient ignorer un tel potentiel.

Les premières mentions historiques de ces sources sous leur usage romain sont liées à des découvertes archéologiques dans les alentours. Les thermes de Bains-les-Bains, appelés Aquae Brixiae par les Romains, étaient intégrés à un réseau thermal très fréquenté dans la province de la Gaule Belgique, région composée d'importantes voies de communication. Les archéologues ont daté plusieurs installations thermales locales comme appartenant aux I et II siècles après J.-C., preuve que ces eaux étaient déjà bien organisées pour l’accueil et les soins.

Un regard dans le passé : les témoignages archéologiques

C’est par la fouille et l’étude minutieuse des vestiges archéologiques que l’on peut mieux appréhender l’histoire des thermes antiques de Bains-les-Bains. Les fragments retrouvés sur le site témoignent de l’organisation propre aux thermes. Les spécialistes y ont découvert :

  • Des bassins de baignade taillés dans la pierre, reliés par un système hydraulique avancé permettant de diriger l’eau chaude des sources naturelles.
  • Des structures de chauffage par hypocauste, un système ingénieux qui chauffait l’air sous les sols et dans les murs pour maintenir une température agréable.
  • De nombreuses céramiques, notamment des amphores et des outils médicaux, probablement utilisés dans un cadre thérapeutique.

À ce jour, les recherches suggèrent que les thermes romains de Bains-les-Bains faisaient partie d’un complexe plus élaboré que ce que l’on imaginait initialement. Il n’est pas exclu qu’une agglomération relativement importante entourait ces installations, notamment pour les besoins d’approvisionnement en nourriture et matériaux des baigneurs.

Mais les Romains, les premiers ? Une question ouverte

Si l’on attribue souvent aux Romains la paternité de l’exploitation des sources thermales dans la région, il est fondamental de nuancer cette vision. De nombreuses études indiquent que des populations locales, comme les Celtes, avaient probablement pris conscience bien avant les Romains des vertus thérapeutiques des eaux jaillissant dans cette partie de la Vôge. La civilisation celtique leur accordait même une dimension spirituelle, associant souvent ces lieux à des espaces sacrés ou dédiés aux dieux.

Les Romains auraient donc suivi ces pratiques et les auraient développées. L’intégration des héritages culturels celtiques est en effet fréquente dans les régions conquises. On trouve même chez les Romains l’équivalent de divinités gauloises associées aux eaux, comme Sirona, une divinité celte liée à la guérison par les eaux. Cela plaît à imaginer : ces coutumes ancestrales auraient, sur des siècles, jalonné les rives des sources de Bains-les-Bains avant d’aboutir à leur rayonnement antique.

L’importance des sources pour le monde romain

Pour comprendre l’intérêt des Romains pour les thermes, il faut s’attarder sur le rôle central qu’ils jouaient dans leur société. Les thermes ne se limitaient pas à l’hygiène ou à la réparation des corps : ils étaient aussi des lieux de sociabilité. Hommes et femmes s’y retrouvaient pour échanger, conclure des affaires ou simplement entretenir des amitiés. De nombreuses sources historiques relatent également les cures prises pour soigner une variété d’affections, allant des troubles digestifs aux maux articulaires.

Les eaux des anciens thermes de Bains-les-Bains possèdent des propriétés adaptées à ces usages. Certains des minéraux contenus dans ces eaux, notamment leurs fortes concentrations en oligo-éléments, présentent une action apaisante pour les inflammations musculaires ou osseuses. Ces mêmes caractéristiques font encore aujourd’hui la renommée des eaux de la station thermale moderne.

L’héritage romain, un héritage permanent

Bien que l’abandon progressif des thermes romains par les usages quotidiens soit souvent attribué aux troubles des invasions barbares, leur influence s’est exercée bien au-delà de l’Antiquité. Dès le Moyen Âge, et notamment à l’époque moderne, la région a vu renaître un intérêt pour ses eaux thermales. Les Romains avaient jeté un premier regard, bâti une première infrastructure, mais leur œuvre s’est poursuivie dans des formes réinventées par les siècles.

Les Romains ont probablement été les premiers à codifier, organiser et pérenniser l’usage des sources de Bains-les-Bains, fixant les bases pour les générations futures. Il est intrigant d’imaginer que, lors de votre prochaine balade en forêt autour des thermes actuels, vous marchez peut-être sur les traces de ces bâtisseurs antiques.

L’appel des sources

Avec leurs vertus reconnues depuis des millénaires, les sources thermales de Bains-les-Bains sont bien plus que de simples lieux de soin ou de séjour. Elles sont les témoins silencieux d’une longue histoire, enracinée dans les tréfonds de notre patrimoine. Laissons-nous inspirer par cette mémoire partagée entre Celtes et Romains, qui résonne encore aujourd’hui dans chaque goutte d’eau chaude jaillissant de la terre. Ainsi, les sources peuvent continuer d’être pour nous ce qu’elles ont toujours été : un baume pour les corps, mais aussi pour les esprits.